mardi 7 août 2012

Regard sous roche

Long, comme le temps qui a passé, lentement, à travers les filets de notre mémoire, laissant s'accrocher les débris de ces moments que l'on ne voulait pas se rappeller, à travers la brume du passé, notre cerveau fumant de ces tentatives de tout se souvenir, au prix de la paix intérieure.

Les chemins demain marqueront de ma haine leurs ancres, pour mieux attacher les voyageurs à leurs rêves perdus au milieu de tout ces ans qui se rattachent l'un à l'autre de leurs pas chambranlant dans l'abîme du futur, les yeux en pleurs de n'avoir plus continuer à regarder brûler le feu de leur jeunesse, obligés à avancer à travers les ruines que chaque génération laisse à la prochaine, héritage empoisonné les forcants a retomber dans le même moule pour continuer à vivre, les modèles devenant unique à chaque fois, une seule façon d'appréhender le réel.

Pour en oublier la honte de faire partie de ceux qui ne veulent vivre que pour eux-même.

Alors que j'ai la haine de cette existence qui est la mienne et la notre, ceux qui ne peuvent vivre que pour autre chose que soi, ceux que leurs pas refusent d'aller dans la lumière sans but, mais qui se promènent dans la nuit sans problème alors que leurs yeux ne veulent que reflêter la douceur d'une tranquilité, la beauté d'une âme proche.

Mais tout cela pour moi semble utopique.

Le rejet est toujours dans mon sang.

Des morceaux d'années en lambeaux, laissés à eux-même pour aller se fabriquer un simili de vie, sans compter tout ce qu'on perd sur ce chemin sinueux qui finit toujours par prendre un détour vers le pire, même sans aide. Pour mieux revenir sur le chemin.

Le doute tue. Tue l'oeuf qui ne sait pas ce qui se cache dehors de sa coquille. Tue l'ange, non sur de sa pureté. Le rend humain. Pour mieux lui faire oublier ces ailes qu'il n'a jamais eu, lui faire oublier ces mots qu'il n'a jamais entendu.

Le regard pleure toujours, ces larmes sont chaudes, mais ses émotions sont froides. Perdus comme lui, éventré comme mon existence, à se balancer d'un plateau, ne voulant pas s'assagir, mais voulant continuer à vieillir. Quelle ironie que ces yeux qui me scrute à tout les yeux ne soient que les miens. L'être humain, l'animal social en moi,  m'as trahis.

Ne voulait pas de mes réponses. Mais ses questions n'étaient pas à ma portée. Je ne pouvais que fuir. Je ne peux que fuir.

Encore? 

Qu'est-ce qui a changé? Mes mots ne sont plus pareil, mon âme a vieilli elle aussi.

Mon esprit, quand à lui, est devenu cinglé. Veux prendre le bord. 

Sans oublier la vodka.

Mais le regard. Toujours le regard. Ce regard qui me tue, qui me hante, je voudrais qu'il ne soit pas mieux. Que je puisse le détester, tout comme je me détestais avant.

Un regard à aimer. Une âme à cajoler. Une vie à donner à quelqu'un qui en vaut la peine.

Et parfois, je me dit que peut-être, pour moi, c'est déjà trop en demander.