Coule, vent. Coule, dans le torrent qui déblaie nos vies de ses chaleurs.
La mort était douce, dans cette ivresse. Je m'en voulais de n'avoir pas profité de cet instant pour pouvoir solliciter un peu plus de cette femme, douce. Femme, l'ivresse qui s'en emportait.
Mais le moment était passé, et ce qui restait dans mes mains, c'était le sang. Le sang de sa mort, le sang de ma culpabilité.
Elle était morte... Le torrent s'était éteint. Et sa mort coulait dans mes veines.
Le poison se répandait. Toujours.
Demain.
Les marches étaient courtes, aujourd'hui. Dans la brume matinale que le soleil effarouchait petit à petit, mon chemin paraissait pour le moins vague. Mais mes pas s'amenait au loin, refusant de s'arrêter pour une chose inutile comme des raisons.
Ils voulaient s'enfuir. Et je ne voulais que les suivre. Mais mon cœur restait en arrière. Dans une boite, dans le coin du bouleau. Caché entre ses racines.
Je ne l'avais pas tué. Mais je l'avais vu. Violée. Son innocence arraché du bas fond de sa vie pour se faire mettre au bas d'un enfer personnel. Je l'avais vu tuée, dans un acte de barbarie. Je n'avais rien dit. J'étais resté sourd. J'étais resté muet. J'étais mort ce jour là.
Mort d'innocence.
La fille était morte. Enterré dans les lilas. L'homme était mort. La justice avait suivi son cours.
Mais mes souvenirs restaient vivants. Toujours.
Je n'en pouvais plus. Je ne dormais que pour rêver, un cauchemar à la fois. Je n'en pouvais plus de mourir à chaque nuit, pour recommencer à respirer mes larmes le matin suivant. La violence qui s'y réfugiait, je ne pouvais plus l'endurer.
Il me fallait fuir. Il me fallait fuir par-delà les arbres, par delà les maisons, par delà mon monde. La maison était morte. Mon univers était à la dérive. Sans change de rédemption.
Mes pieds m'amenait au loin, par-delà les montagnes. Par delà l'univers.
Par delà mon existence tout entière.
Matin. Maison. Porte. Frappe. Aucune réponse. Frappe. Attend. Rien. Le vide sidéral de l'endroit se réverbérait dans celui de mon âme. Un nouveau coup. De rage. De désespoir.
La porte grinçait, ouverte sous la force brute. Le plancher craquait aussi, signe qu'aucun pied ne l'avait foulé depuis un temps considérable.
Maison perdu. Souvenirs oubliés. Mort depuis une éternité. Tout était vide. Mort.
Je n'en pouvais plus.
Pas. Brume légère. Soleil levant. La fatigue prenait le pas sur la peur, l'écœurement.
Je marchais. Je ne faisais que marcher. Qu'avais-je pour ne faire que marcher?
Des saints étaient morts, marchant pour leurs péchés. Je ne voulais que mourir. Le pardon conditionnel n'était pas de mes conditions.
jeudi 19 mai 2011
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