dimanche 18 octobre 2009

2:La fin avant le commencement

Le bouchon vint se cogner sur le col de la bière, le cliquetis résultant se perdant dans le vide sonore qui s'était établi depuis quelques instants. La surface tout entière de la table était recouvert de bouteilles de bières, éparpillé au hasards, tels des cadavres un champ de bataille. Le silence pesant rompit en un fracassement de bouteilles au dehors, de jurons et des sons de fight, et dans cet atmosphère, ses paroles n'avaient que plus de sens. Son regard de seize ans croisait le mien de treize ans, perçant, pénétrant, exigeant la vérité pure, celle que personne ne veut admettre, et moi non plus.

Mais ses paroles m'avaient troublés. Dans le coeur de ma jeunesse, où le sentiment d'invincibilité est à peine refreint par la logique qu'on nous implantait, la question, non, un mot précis avais suffi à briser ma carapace.
Je ne pouvait pas trouver de réponses, aucune répliques tranchantes ne venait à mon esprit. Ses yeux fixé sur moi semblaient comprendre mon dilemme, mon embaras. Mais dans ses yeux qui réflétait une âme qui avait vieilli trop vite, et où était mort la naïveté qui survivait normalement jusqu'à la fin, je ne remarquais aucun rire, aucun dédain pour le jeune blanc-bec que j'étais, un de ceux qui parlait de tout tout en ne connaissant rien du tout. Au contraire, aucune pitié ne paraissait dans ses yeux, mais une sorte de jalousie, de désir de retourner à ma petitesse d'esprit.

De cette soulerie, plus que le mal de tête qui m'avait terrassé les trois jours suivants, plus que la punition donnée par mes parents, cette phrase était resté imprimé dans mon esprit, troublante, insaisissable.

«Continuer à vivre, pour tous ceux qui seraient morts à cause de toi?»

Dans ses yeux bleu, je me rappelle encore la pitié qui se reflétait. Pitié que je n'ai jamais pu arrêter de voir dans les yeux de tous, depuis cette journée, trois ans plus tard.

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