vendredi 6 novembre 2009

Rues, écharpes de béton et d'asphalte. Rues, serpents de fer et de sang, recroquevillant dans leur sueur de leur dur journée. Pour vous, pour tous ceux qui vivent dans le berceau de la lumière, ceux qui vivent dans le calme de leur vie préfabriqué, la rue n'est qu'une passerelle, un moyen de rejoindre le point B le plus vite possible. Mais pour une partie de ce monde, les rues ne sont pas qu'un chemin, c'est un voyage en soi, un monde qui n'a de limite que les gens qui y hantent leurs soirées et la nuit. Quand vous les voyez, les mots qui vous entrent dans votre tête, ces mots qui violent non seulement leurs sanctuaires mais aussi le votre, sont des hymnes de votre société, le reflet de vos incohérences mentales.

Et je regarde, vous qui vivez en plein soleil, et eux qui se réfugient dans la noirceur de la nuit, je vous observe de mon crépuscule, cette place où j'ai grandis et où, indécis, incompris, je continue de me réfugier. J'ai fui la clarté trop éblouissante du jour, mais je rechigne toujours à plonger dans le noir de la nuit, pour quelle raison? Peut-être est-ce à cause de mes principes gobés durant ce court temps où tout ce qui comptais, c'étais faire comme ce que la masse voulait, ou bien est-ce quelque chose de plus profond, de plus animal? Mais de là où je me tiens, moi le peureux, moi le lâche qui ne peut pas décider de faire partie d'un seul de ces deux mondes, je peux voir ce que seul la noirceur levante, la lumière tombante peut revéler: car c'est seulement à ce temps que les masques tombent pour que mieux on les remplacent par d'autres, et c'est pendant ce court moment que l'on peut voir le vrai visage d'une population, d'une société, d'une civilisation tout entière. La partielle vérité réside dans les courts moments qui trépassent du passé avant de fuir dans l'avenir.

Les rues m'appellent. Elle se cachent pour mieux resurgir, elle demandent pour qu'on puisse survivre le plus pire et le meilleurs de nous-mêmes. La rue est maître de nous encore plus que nous le sommes de nous mêmes. La rue est là, dans toute sa splendeur, dans toute sa froideur, dans toute sa laideur, dans toute sa chaleur. Quelque uns d'entre nous sont des enfants de la rues, mêmes si né dans le plus chic des terreaux ou la plus viles des villas.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire